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Crise du carburant en Haïti: l’hôpital des Gonaïves en appelle à l’aide humanitaire

L’hôpital la Providence des Gonaïves est gravement touché par la pénurie de carburant causée par la mainmise des gangs qui contrôlent l’accès aux terminaux pétroliers. Les patients sont à l’agonie. Reportage.

Dans cet hôpital de référence du département de l’Artibonite, le bloc opératoire est dysfonctionnel, les médecins ne parviennent pas à s’y rendre, tous les générateurs sont à sec, c’est le black-out total.

À l’entrée de la salle d’urgence, une dizaine de personnes dont Loudemie Fleuridort. Elle accompagne sa maman gravement blessée à la tête ainsi que sa belle-sœur dont le bras droit est cassé, suite à un accident de voiture. Elle est exaspérée de voir ses  proches souffrir sans pouvoir être soignés.

« Il y a plusieurs malades qui sont morts sous mes yeux, témoigne-t-elle. Si ma mère est encore en vie c’est uniquement grâce à Dieu. Je suis arrivée avec elle samedi et ce n’est que dimanche qu’un médecin l’a auscultée. Mais à cause du problème d’électricité on ne peut pas la recoudre. »

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Malgré sa volonté d’aider les malades, Excène Joseph, directeur médical doit reconnaitre son impuissance. « L’hôpital arrive à un point où il ne peut pas recevoir de patients non pas par manque de personnel ou de médicaments, mais tout simplement parce qu’il n’y a pas de carburant, explique-t-il. La génératrice est là mais ne peut pas fonctionner. C’est une situation extrêmement grave et c’est très inquiétant pour n’importe qui y compris pour moi-même. »

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Après avoir tout mis en œuvre pour trouver du carburant, mais sans succès, le directeur départemental de la direction sanitaire de l’Artibonite, Marcel Chatelier, craint une catastrophe humanitaire et ne voit d’autre solution qu’une aide humanitaire d’urgence. « Nous faisons appel à la communauté internationale et à tous ceux qui peuvent nous aider pour faciliter l’arrivée du carburant dans les hôpitauxAu moins de faire transiter le carburant par la mer ou par hélicoptère jusqu’aux hôpitaux. Parce que les gens ne peuvent pas mourir ainsi », lance-t-il.

MSF forcée de réduire ses activités à l’hôpital de Tabarre

L’organisation Médecins sans frontières (MSF) est désormais contrainte de ne prendre en charge que les urgences vitales à l’hôpital de traumatologie et de brûlures de Tabarre. L’hôpital est le seul centre du pays spécialisé dans le traitement des brûlures graves.

Le réseau électrique étant défaillant, les structures de MSF sont obligées d’avoir recours à des générateurs pour faire fonctionner les différents services médicaux, dont la structure dédiée aux grands brûlés. La pénurie actuelle de carburant met donc en péril la continuité des activités.

« Le fonctionnement de nombreuses autres structures médicales tant privées que publiques sont perturbées, explique Mumuza Muhindo, chef de mission de Médecins sans frontières en Haiti. Par exemple, pour tenter d’économiser le petit stock restant de carburant que nous avons, nous essayons d’adapter les activités en nous concentrant sur les urgences dont le pronostic vital est engagé. On réduit aussi l’utilisation de certaines machines notamment pour les services de dialyse et de stérilisation. »

De même, pour maintenir le niveau de soins à l’hôpital, le personnel médical doit être en mesure de se rendre sur son lieu de travail. « Aujourd’hui, nous constatons que seul 10% du personnel est en capacité de venir travailler par ses propres moyens, précise le Dr Kanouté Dialla, responsable de l’hôpital de Tabarre. Nous organisons des navettes pour transporter nos personnels, et assurer les rotations minimales nécessaires au fonctionnement de l’hôpital. Cela alourdit considérablement la charge de travail du personnel médical présent. Une telle situation n’est pas tenable. »

Cette pénurie de carburant vient aujourd’hui s’ajouter à une situation sécuritaire déjà compliquée. Une difficulté de plus pour le personnel soignant qui doit se déplacer.

 

RFI

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