Moi, Macky, Senegaal maa ko moom* !
Oui je l’avoue, j’aime le pouvoir ! Maa taay !* Et je l’ai récemment fait montre sur la chaîne France24 devant ce coriace journaliste, en l’occurrence Marc Perelman, dont les interviews m’ont rendu irascible, à la limite hors de portée de mon intellect. Et je devenais fou et près de sortir de mon corps de politicien à la simple prononciation des prénoms Khalifa et Karim. Les deux K-K du Sénégal que je n’aime même pas voir en peinture. En effet, je pense à 2019 tous les soirs avant d’aller au pieu. Ah ce pouvoir, il me rend fou ! Cet illustre pouvoir que réclame cette opposition hybride et ressemblant à l’hydre dans la mythologie grecque. Cette opposition mexicaine entre en transe dès que je sonne l’hallali. Cette opposition à la voix nasillarde voire inaudible et ne sachant sur quel pied danser la rumba. Cette danse que j’affectionne quand je suis en tournée. Récemment j’ai valsé sur cette danse mythique et sous les vivats de mes militants. Je dis et soupèse mes mots. MES militants. Tout sénégalais de par son prix et toute parcelle de cette terre sacrée m’appartiennent. Je suis le fils béni et l’enfant prodigue de Fatick et du Fouta. Et cela se sait ! Je suis et je symbolise le brassage des cultures de ce pays. Mais un autre politicien de ma trempe est sur mes traces disant haut qu’il est l’homosenegalensis par excellence. Gare à lui et toujours dans les jupes de sa mère et m’opposant une farouche concurrence. En effet, je parle de Sonko. De ce bébé politicien faisant le buzz médiatique partout où il passe et laissant des traces indélébiles. En fait, il est un politicien d’une autre race et cela je l’affirme. Il faudra trouver voies et moyens pour l’écarter comme je l’ai fait avec Karim Wade et Khalifa Sall. Ces derniers, àmu ñu ay bàjjans* ! De Sonko, mes fouineurs et espions n’ont rien trouvé quand il fut aux affaires. Rire sous cape doublé d’un rire jaune. Les deux premiers, décidément, ont failli gâcher ma fête. Mon sacre de la soirée du 24 février 2019. Et je les ai envoyés paître très loin. Le premier à un exil très doré dans ce richissime royaume du Qatar et l’autre dans les geôles de la fameuse prison de Rebeuss. Il me revient des bribes de quelques conversations glanées ça et là que Khalifa est dans une forme époustouflante. En fait, il s’adonne à la lecture et aux sports de combat. Quant au petit rejeton Wade, lui, il se dit qu’il se prépare à refouler cette terre qui est la mienne et dont j’ai fait ma propriété. Ce Sénégal-là, encore une fois, m’appartient ! Per fas et nefas et je m’en fous des qu’en-dira-t-on ! Que Wade-fils revienne et je le mettrai dans le gnouf même si je passerai sur le cadavre de son pater familias, Abdoualaye Wade ! Mon désormais pseudo mentor Abdou Diouf, m’a appris cette sérénade quand il fut au faîte de sa petite gloire à la recherche d’une vaine gloriole. Il me disait, et je ne sais avec une honnêteté teintée d’une mesquinerie, « Macky, yaay bayu senegaalé yi*. » Encore une autre négrerie de nous, autres colonisés. Père de la nation, gardien de la constitution, chef des armées, Son excellence…Abdou Diouf, sans oser le regarder dans le blanc des yeux, fut un piètre chef d’Etat. Je l’ai justement pris à mes côtés pour combattre Me Wade, le maître des horloges de la politique sénégalaise. Wade le génie. Wade le farouche opposant jusqu’à ses dernières heures sur terre. Mais Wade n’est-il plus l’ombre que de lui-même ? Un sacré artiste, celui-là ! Mais il n’est réincarné que par Ousmane Sonko mais ce dernier est plus jeune, plus propre et plus probe. Exception faite à la probité intellectuelle parce que Me Wade nous dépasse tous ! Moi, personnellement, je suis un diplômé mais ai appris sur le tas et grâce à Wade. Ce dernier m’a tout appris et il ahanait à tout bout de champ que je fus le jardinier de ses réalisations mais il n’a jamais eu cette confiance en moi. Et à ses yeux, son fils incarnait la réussite et son projet de monarchie. Depuis 2012, l’an de mon sacre, à jamais gravé dans la mémoire collective, élu à plus de 65%, je peux dire, et étant témoin de mon temps, que je suis comme le roi de Kahel, personnage du roman épique de Tierno Monenembo. Mon Kahel est le Sénégal. Temple de ma gloire éternelle et de mon règne. L’on parlera de moi, ad vitam aeternam ! De mes réalisations à travers mon cheval de bataille, le Pse (Plan Sénégal Emergent), baptisé et festiné sous un février pluvieux à Paris. Eurêka ! Cette pluie a été porteuse d’espoir même si l’opposition claque la langue comme si verser du fiel sur mes entreprises est leur propre dessein et leur travail. Moi Macky, intuiti persona, ce pays, j’en fais ce que je veux ! Je suis sa politique. Je suis son économie, fourguée aux français, mes chers amis qui n’hésiteront pas à me fournir un toit et une soupe en cas de période trouble voire de chute de mon régime. Je suis la société sénégalaise dans son ensemble. M’en fous derechef des qu’en-dira-t-on et des appels du pied de l’opinion internationale. Je suis in fine le Sénégal et j’en suis le propriétaire absolu. Et quid des guides religieux des différentes confréries ? Ma foi, ils ne sont que des citoyens ordinaires…mais chut !