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Après BP et Shell, vient le tour de TotalEnergies : le géant français des hydrocarbures se prépare à vivre une assemblée générale électrique vendredi matin, ciblée dès avant son ouverture par des échauffourées entre manifestants pour le climat et la police, tandis que des actionnaires sont également en désaccord avec sa politique climatique.
L’Assemblée générale annuelle des actionnaires de TotalEnergies s’est bien ouverte ce vendredi à Paris. Pourtant, dès l’aube, des dizaines de manifestants pour le climat ont tenté de pénétrer dans le tronçon de rue passant devant la salle Pleyel, dans les beaux quartiers parisiens. Une dizaine d’entre eux, qui s’étaient assis devant l’entrée, ont été délogés par les forces de l’ordre et des échauffourées ont eu lieu. La police a fait usage de bombes lacrymogènes pour déloger les manifestants.
Les manifestants sont néanmoins restés à proximité, environ une centaine de chaque côté du segment de rue, bloqué par des camions de police et gendarmerie. Quatre personnes ont été interpellées à ce stade, selon la police. Si aucun de ces militants n’a réussi à entrer, une personne assise parmi les actionnaires a été brièvement entendue protester à l’intérieur de la salle sans perturber la séance.
Une coalition d’ONG a appelé à bloquer la réunion et des dizaines de militants sont désormais assis aux entrées de la rue du Faubourg Saint-Honoré, chantant notamment « ce qu’on veut, c’est renverser Total » et « un, deux et trois degrés, c’est Total qu’il faut remercier ». « L’AG de Total n’aura pas lieu », ont d’emblée prévenu fin avril dans une tribune les signataires 350.org, Alternatiba, Amis de la Terre, ANV-COP21, Attac, Greenpeace, Scientifiques en rébellion et XR. « Cette assemblée générale prévoit de perpétuer la stratégie du pétrolier : toujours plus de projets fossiles et une répartition injuste des superprofits qui alimente l’injustice climatique et sociale », dénoncent-ils.
Arrivés au compte-gouttes, les actionnaires ont été accueillis par les cris des protestataires. « Assasins ! Criminels ! », lançaient certains manifestants. « On ne les lâchera pas », assurait de son côté Marie Cohuet, porte-parole de l’association Alternatiba. « C’est tout un symbole quand on voit que des actionnaires sont en train d’enjamber des jeunes qui sont inquiets pour leur avenir, parce que le modèle Total détruit la planète en relançant un nombre incalculable de bombes climatiques », affirme Manon Aubry, la députée européenne du groupe de la Gauche interrogé par RFI.
« Le climat est au cœur de notre préoccupation », selon le PDG de TotalEnergies
Face à cette mobilisation, Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, a longuement justifié vendredi sa stratégie. « Le climat est au cœur de notre préoccupation », a-t-il affirmé, évoquant la « crédibilité du plan de transition » de son groupe, l’une des cinq grandes majors mondiales avec BP, Shell, ExxonMobil et Chevron. « Notre compagnie a été la major qui a investi le plus pour construire le modèle énergétique de demain qui sera basé sur l’électricité », via les énergies renouvelables, a-t-il souligné, ajoutant qu’il ne peut pour autant réduire son activité pétrolière.
« La demande de pétrole au niveau mondial est en croissance et si ce n’est pas TotalEnergies qui répond à cette demande, d’autres le feront à notre place », a-t-il encore dit, soulignant « ce n’est pas TotalEnergies seul qui va décider des besoins des clients » et répondant aux « grincheux qui nous accusent de greenwashing ».
La réunion arrive à la fin d’une saison d’AG houleuses, où des militants ont multiplié les actions contre les grands groupes, comme chez les concurrents Shell et BP ou la banque Barclays, accusée de financer l’expansion de projets d’hydrocarbures. Le tout sur fond de profits faramineux : ensemble, les majors BP, Shell, ExxonMobil, Chevron et TotalEnergies affichent plus de 40 milliards de dollars de bénéfices ce trimestre, après une année 2022 grandiose.
Signe des tensions attendues, TotalEnergies interdira aux actionnaires et aux journalistes d’utiliser leurs téléphones portables, et les obligera à laisser certains effets personnels à l’entrée. Le groupe veut surtout éviter le scénario chaotique de l’année dernière quand des militants d’ONG avaient empêché des actionnaires de pénétrer dans l’AG.